Petite, quand je lâchais mes jouets pour rejoindre maman ou Tatou dans leur cuisine, j'étais invariablement accueillie par une becquée directement glissée avec le pouce du couteau, du fouet ou de la cuillère qu'elles tenaient dans la main. S'ensuivaient des dodelinements de tête et des grognements (car on ne parle pas la bouche pleine !), un assentiment qui les faisait rire ou sourire selon la longueur de mes "hummm".
Depuis que je suis moi-même grand-mère, je comprends d'autant mieux l'attrait que les enfants ont pour la préparation des repas. Manger et partager les plaisirs que la nourriture nous procure sont des moments de complicité irremplaçables…
Et pour cause ! Premier et dernier plaisir de la vie, manger est un besoin vital de niveau 1. Nous faisons 720 repas par an et il ne se passe pas d'émission médicale sans qu'il soit répété que la santé est dans l'assiette. C'est chouette mais, tandis qu'on nous serine depuis des années avec les 5 fruits & légumes par jour, les courbes du surpoids et de l'obésité infantiles continuent de croître (enfin d'après les derniers chiffres publiés par l'OMS datant de 2016... ).
Et pourtant, la cuisine n'est toujours pas enseignée à l'école au même titre que le sport ou les SVT ! Pourquoi ? Apprendre à cuisiner aux enfants revêt de très nombreux intérêts pédagogiques et leur permet de mettre en pratique ce qu'ils étudient dans les autres matières :
- la connaissance des aliments : apprendre leur nom et emplois, connaître leurs bienfaits et/ou leurs méfaits,
- l'éducation au goût et découverte sensorielle des tous petits : pour cuisiner, les cinq sens sont mobilisés,
- le langage : apprentissage du vocabulaire culinaire, savoir exprimer les sensations ressenties…
- la motricité et la dextérité : ne pas renverser, savoir tenir un couteau, faire un geste précis…
- l'utilisation des mathématiques : omniprésentes en cuisine où il faut peser, mesurer, faire du calcul mental, convertir…
- l'apprentissage de l'hygiène : pourquoi se lave-t-on les mains, le plan de travail, les ustensiles utilisés, le frigo...
- les travaux pratiques de chimie : action de la chaleur, action des levures, de la gélatine...
- l'organisation du temps : progression logique des étapes d'une recette, coordination des préparations dans un temps imparti…
- la socialisation et le vivre ensemble : travailler en groupe, à tour de rôle, entraide entre les commis en herbe,
- l'éducation à l'environnement et au développement durable : les saisons offrent ce dont le corps humain a besoin quand il fait froid ou chaud, apprendre à ne pas gaspiller et recycler une chute de pâte, un reste de légumes…
- les Arts plastiques : décorer une table, une assiette,
- l'hygiène alimentaire : pourquoi est-il important de varier son alimentation, comment équilibre-t-on un repas, les allergènes,
- la motivation : déguster ce que l'on a cuisiné nécessite de mener une tâche à son terme, accomplir et s'accomplir par le travail manuel et, après l'effort, le réconfort !
J'ai beau chercher depuis longtemps, je ne trouve pas de mouvement ou d'association qui milite dans ce sens. Si vous en connaissez, merci de me passer l'info !
Isabelle
