En 1979 déjà, je rendais hommage à la cuisine de maman...
"Quand ce ne sont pas des pâtes au comté préparées sur le bord de l'évier, avec des ustensiles qui tiennent dans un équilibre surprenant et qu'il ne vaut mieux pas évoquer, ou bien une sauce élaborée plus grâce à la chance que grâce à un livre de cuisine - qui a d'ailleurs disparu à sa grande excuse - c'est une purée instantanée dont la réalisation ne l'est pas autant, contrairement à ce que beaucoup de publicitaires veulent bien nous faire croire.
Pour tout dire, venir manger chez maman, c'est un peu s'asseoir à la table d'un restaurant dont la carte est celle de l'imprévu et du "à vos risques et périls". Ainsi, il n'est pas rare de la voir revenir de la cuisine en annonçant un plat, dont elle s'empresse bien évidemment de détailler la véritable composition afin de limiter notre surprise et notre contestation orientée plus sur la forme que sur le sérieux.
Elle vous donnera l'air d'une martyre, victime de sa propre obsession et conviction de mal cuisiner. Car, à mémoire de fine gourmette, je ne me souviens pas avoir une seule fois refusé de manger quoi que ce soit, pour telle ou telle raison. Et, à vrai dire, maman est la meilleure ménagère et la plus experte dans la cuisine à teneur garantie en bonne humeur et joie de vivre. La mine de ses filles en est la plus belle preuve !
A tout invité éventuel,
Isabelle"